Véro n'a plus vingt ans Depuis longtemps déjà, Elle a très peur du temps Qui passe et peut se lire Hélas sur son visage; Ses rêves ont pris aussi Quelques profondes rides, Et cette drôle de musique Qui cognait tellement fort Dans son coeur romantique A bien ralenti sa cadence; Véro n'a plus sur les lèvres Ce beau et rayonnant sourire Qu'on y voyait autrefois, Et si demeure la tendresse, La passion, sans crier gare, A déserté le clair foyer Où hier elle régnait sans partage; Véro, qui toujours espéra Vivre un bonheur sans nuage, A du mal à se faire une raison Face à la désolante tiédeur De cet homme qu'elle déifiait; Alors elle relit les naïfs poèmes Qu'elle lui écrivait fébrilement Au temps de leurs premiers émois, Puis elle envoie de timides baisers A son amie la lune, qui brille Là-haut, dans la nuit de juillet.