Serait-il rien de plus hasardeux, De plus complexe, de plus terrible, Que ce voyage qui nous conduirait Tout au bout de notre nuit, Quand l'ombre deviendra plus opaque ? Ce voyage, nous devrons bien l'entreprendre, Quand chacun de nos gestes sera plus gourd, Et que nous aurons perdu le nord, Ne sachant plus guère où nous allons; Ce qui nous restera alors de vie et la camarde Se conjugueront déjà si étroitement Que nous aurons du mal à distinguer L'une de l'autre; elles se réuniront En une mémoire unique et diffuse, Très proches et pourtant si contraires Dans le temps et dans l'espace cosmique; Qu'y aurait-il de plus admirable Que ce voyage ultime s'il nous menait Jusqu'au bout de nos rêves les plus fous ? Mais, hélas, le doute subsiste encore.