Sauvage, la neige, l'immaculée, A recouvert les champs de blé; Sur la colline, tout en haut, Dans la direction du levant, On n'entend plus que le silence Qui plane et lentement s'étend Sur les sentiers et sur les bois, Là où se trouve la bicoque sinistre Du vieil artiste aveugle, Enseveli depuis des lustres, Masure grande ouverte, offerte Au vent furieux en toutes saisons; Les volets verts grincent et claquent Dès qu'une glaciale bise du nord Vient, perfide, souffler sur les braises D'un feu de camp encore fumant, Laissé là par de jeunes randonneurs, Près de ce lieu où des loups affamés Venaient, jadis, quêter une maigre pitance, Leurs yeux étranges perçant la nuit Comme les yeux de démons aux aguets; Ces loups n'attendaient plus qu'un signal Avant de repartir chasser leurs proies, Animaux, fiers, libres et vaillants, Farouches, et hurlant à la mort Dans un décor de fin du monde.