Surgissant de sous la terre, Pressés ils se bousculent, Les humbles comme les fiers, Les précieuses ridicules, Les prolos, les coiffeuses, Les belles dames en tailleur, Les minettes aguicheuses, Les cadres, les ingénieurs, Les mémères aux chienchiens, Les secrétaires, les fliquettes, Et même les bons à rien ( Aryens ! ) Ou les bonnes soeurs qui quêtent. C'est le bal des travailleurs Qui se magnent pour le turbin, Trimballant leurs humeurs Dans le merdier urbain. Moi qui campe au rancart De la bonne société, Je trouve un air bizarre A cette bande d'excités; Je voudrais leur faire signe, Comme pour les inviter A découvrir l'adresse Du droit à la paresse; Mais cette troupe de gens dignes, Tellement sollicités, Se méfie beaucoup trop De l'étrange vagabond Qui, dans le couloir de métro, Rêve d'un monde moins con.