Vous n'aviez que treize ans, Quand sous le grand cerisier, Je vous avais pris la main Pour y décrire votre avenir, Alors je vous avais dit tout Ce que vous désiriez entendre, Que vous seriez très heureuse, Que de beaux et joyeux enfants Viendraient égayer votre foyer; Votre gentil amoureux, cet été, Vous rejoindrait au grand soleil, Et vous emmènerait au bal danser. Moi, je ne comptais guère, hélas, Je n'étais pas assez beau pour vous, Et puis surtout pas assez riche; Pourtant, quand vous étiez toute seule, Vous veniez souvent frapper à ma porte, Simplement pour que je vous écoute Me parler de vos projets excentriques, Vous rêviez d'une vie fantastique, Ma chère petite fille bourgeoise, Qui m'aviez fait entrer quelquefois Dans votre belle demeure si confortable, Où nous jouions ensemble à cache-cache; Je pense encore à vous de temps en temps, Vous étiez bien jolie, ô ma capricieuse, Et moi j'espérais encore en un miracle.