Dès le début, Il lui avait juré qu'il l'aimerait Toute la vie, elle l'avait cru, bien sûr; Ils avaient attendu sagement le jour De leurs noces, il arriva enfin au bout De longues semaines et de longs mois; Ils restèrent des jours à se dévorer Des doigts, des yeux et de la bouche, Ils n'étaient jamais rassasiés, amants Fougueux, et perdant le sens des réalités; Puis il fallut retourner dans la vraie vie, Celle où l'on est debout très tôt le matin, Où il faut affronter les petits chefs aigris, Les collègues jaloux et leurs blagues salaces; Ils s'aimaient toujours autant, mais la fatigue Venait quelquefois les surprendre, la sournoise, Et il leur arrivait de se quereller pour des riens, Alors ils comprirent que leur idylle allait subir Les conséquences de ces éclats de voix stupides; Hélas, ils se réfugièrent dans un silence pesant, Pour éviter d'avoir à confronter leurs différences; Mais c'était là la pire des solutions, et leur amour En souffrit bien davantage. Ils décidèrent même De se séparer quelque temps afin de faire le point. Ainsi, ils réfléchirent à ce qui pouvait bien nuire A leur relation, et reconnurent qu'ils étaient trop Repliés sur eux-mêmes, et qu'ils devaient s'ouvrir Sur le monde extérieur pour ne pas mourir étouffés Par un trop-plein d'amour qui les menait à leur perte.