Errance.
Il y a la valise que l’on va clore,
Seul, rempli d’amour, de tendresse, de douceur,
Rempli de flots d’espoir, de vie, de bonheur,
De montagnes de projets, de tas de senteurs,
Celle avec qui l’on rentre bien rêveur,
Celle qui, légère, est dure à clore.
Il est la valise-évasion, ivre,
Gonflée du vent du large et de fièvre,
Gonflée de soleil chaud et de projets pour deux,
Celle qui libère son fermoir, qui pleure,
Tel un cri de mouette, guttural, rieur,
Celle qui vous souffle l’air iodé aux yeux.
Il est la valise-trésor, elle, sans fond,
Qu’on ouvre avec d’infinies attentions,
Avec pour musique, les mots doux d’enfance,
Les mots d’amour brûlants de l’adolescence,
Celle des souvenirs, de vos premiers mots,
D’une vie, des parents et leurs derniers mots.
Il y a la valise-angoisse, traître,
Que l’on ferme, sans peut-être pouvoir l’ouvrir,
Qu’on ferme, sans savoir où la conduire,
Celle de l’inconnu, avenir incertain,
Avec la souffrance au rendez-vous, certain !
Celle du retour lointain, demain peut-être ?
Il y a la valise errante, terne,
Que l’on transporte à bouts de bras, sans penser,
Qu’on transporte machinalement, nomade,
Celle qui, sans un regard, s’ouvre, se ferme,
Sans âme, sans discours, au ventre malade,
Celle qui ne contient plus rien, glacée.
Il y a la valise du retour, vile,
Mêlant bouts de soleil froissés, rêves fripés,
Mêlant chansons de mots et rêves envolés,
Celle qui vous invite à la refermer
Pour enfouir un trésor léger, volatil,
Celle que l’on n’a pas envie de vider.
Il est la valise d’adieu aux armes,
Abandonnée, tant elle est lourde de regrets,
Rejetée, tant elle déborde de larmes,
Et qui renferme à jamais, l’espoir perdu,
L’insupportable et le bonheur disparu,
Celle qui transforme le présent en passé.
Et,... il y a celle qu’on ne fermera pas...