La couverture
Sous la brise légère, un vieil homme sommeille,
L’ombre s’est endormie, tranquille, sur son torse,
Paisible son visage semble dire au soleil :
« Donne-moi pour la nuit, ta chaleur et ta force. »
Tout prés, dans la maison, une femme travaille
Et soucieuse regarde son mari revenir,
Il entre, elle ose enfin : « C’est la fin des semailles,
Ton père se fait vieux et l’enfant va venir… »
L’homme ne répond pas, amer, il réfléchit,
La vieillesse ne peut séparer père et fils,
Mais, face à la misère, à regret il fléchit :
« Père, pardonne-moi, demain t’attend l’hospice ! »
Aux lueurs de l’aurore, ils partent, silencieux,
Un sac, deux couvertures, en guise de bagages,
Quand l’humeur vagabonde d’un cheval capricieux,
Enfin les abandonne, à l’orée d’un village.
La carriole s’arrête : « Tiens, sur ton matelas,
Dit l’homme à son vieux père, deux laines, il te faudra ! »
« Petit, gardes-en une, à ton fils, donne-la,
La vie passe bien vite, demain, ton tour viendra… »
Lourd devient le silence : « Viens, nous rentrons Papa ! »
Alors, le vieux cheval semble hâter le pas
Et le vieillard fleurit, d’un sourire, ses lèvres,
Quand, sur le frais chemin, traversent quelques chèvres.