Il est un chant d’amour, ma muette, qui passe Par tes lèvres semblables à ces fruits juteux Perdu, je suis perdu, suspendu à tes mots Qui ne viennent jamais lorsque je les espère
Il est un geste tendre à mon front soucieux Où comme un souffle d’ange, doucement tu relèves Cette trop longue mèche qui descend sur mes yeux La trace de ta main s’écrit sur mon visage
Il est un lent regard aux langueurs orientales Si noir et pourtant doux à mes grands appétits Qui me soumet toujours à sa force royale Je ne suis qu’un petit sous ta magnificence
Il est tant de silences qui me disent tes peurs A la nuit tombée dans l’ombre menaçante Blottie au creux de mes bras forts, toute tremblante Je me crois un instant le maître de la terre
Il est tard mon amour, tu veilles trop souvent Pour être très longtemps vivante dans mon cœur Sais-tu que je ne dors que pour rêver de toi Et retrouver ton corps dès mon premier éveil ?
Il est tellement de gestes au long de nos journées Des clins d’œil complices et des rires soudains Quand tu fais des grimaces, seule, devant la glace En me croyant ailleurs à bricoler en vain
Il est certains plaisirs que je ne saurai dire Sans manquer, tant soit peu, à la seule décence Et pourtant innocents si l’on veut bien bannir La tache originelle venu du fond des âges
Il est, définitivement, seuls toi et moi Au monde indifférent à nos vies insouciantes Mais uniques - oh tellement – au cœur de l’espace Qui abrite les corps frémissant de désir
Il est alors certain que nous aurons goûté L’indicible saveur des plaisirs insensés Venus du Créateur. Et nous devons penser Que par-delà le ciel, ce serait un péché ?