Quand l’aube naît, trempée des rosées de la nuit Je me réveille, encore chiffonné de sommeil Toujours ivre des vins trop consommés la veille. L’espace est tout vibrant de sensations enfuies.
En mon corps amolli d’orientales langueurs Circulent des liqueurs aux vertus excessives Qu’en d’autres lieux, sévères, des ardeurs punitives Déclarent stupéfiantes, aux terribles saveurs.
Sur ma couche s’étend un soleil nouveau-né. Il me semble flotter comme un désir de toi Dans l’air chaud de l’été sucré de l’algérois Mouillé des flots bleutés de méditerranée
Enfin lavé de mes matinales torpeurs Et l’œil accoutumé aux éclats de ce jour, Tel un félin j’étire mes quatre membres gourds : Une paix infinie m’emplit le fond du cœur
A ce moment je sais que cette beauté-là Jamais ne quittera les murs d’Alger la Blanche Où la Kasbah scintille et les croyants se penchent Au chant du muezzin pour honorer Allah
Ici j’attendrai seul, inondé de lumière Que tu viennes à moi, ô douloureuse absente Tendre ta bouche rose au doux parfum de menthe Telle une fleur cueillie à l’allée buissonnière
Au satin caramel de ta peau métissée J’oserai, téméraire, une approche timide Et mes lèvres posées sur tes lèvres humides Inventeront enfin le tout premier baiser.