Iliade
Un géant forcené surgit de la mêlée,
D’un bond, d’un cri il court à l’assaut du danger,
D’un bond, son épée se couvre de sang, d’un cri…
Car le dernier rempart, l’ultime recours, c’est lui.
Tel est Ajax, fils de Télamon. Sans remords,
Sans cesse il prend la vie, sans trève il sème la mort…
Insatiable de chocs, toujours au premier rang,
Il avance en défiant les plus rudes combattants,
Il avance animé par un cœur belliqueux,
Homme ou dieu, tout doit céder devant ce furieux.
Tel est Diomède, fils de Tydée, héros des grecs,
Son regard ne connaît ni la peur ni l’échec…
Fertile en ruses, en subterfuges, en stratagèmes,
Habile à percer les plus épineux problèmes,
Habile au conseil et redoutable au combat,
Partout sa voix résonne, partout sévit son bras.
Tel est Ulysse fils de Laërte. Porteur de maux,
Briseur d’espoirs, des troyens il est le fléau…
Patrocle est mort… En lui la pitié n’a plus cours,
Implacable et fort, aux cris, aux pleurs il est sourd,
Implacable et fort, de meurtres il n’est pas repus,
Dans le sang il oublie que Patrocle n’est plus.
Tel est Achille, fils de Pélée, être terrible,
Ignorant la demi-mesure, âme inflexible…
Inlassable guerrier, jamais sans adversaire,
Il frappe et face à lui les vies sont éphémères,
Il frappe et il tue, né pour ne jamais faiblir,
Entraîné par une seule idée : vaincre ou mourir.
Tel est Hector fils de Priam. Chasseur d’élite,
Sur l’armée grecque, comme un fauve il se précipite…
Où sont-ils à présent ces héros formidables ?
Traqués par leurs espoirs, orgueilleux, indomptables,
Traqués par la douleur, poursuivant les périls,
Brisant tout dans leurs exploits, ces hommes où sont-ils ?
Entendez-vous parfois, la terre qui tremble encore
Au souvenir de ces fulgurants météores ?