Quel est donc ce malaise dont toujours nous souffrons, Cette angoisse obstinée palpitante à nos fronts ? Et dont aucune joie ne délivre. Que nous veut ce sournois et vil ensorceleur, Dont l’haleine fétide corrompt jusqu’au bonheur D’être heureux, d’être ivre ? Pourquoi s’accoutumer à ce mauvais sujet Et ne rien admirer sous sa face cachée ? Ne rien goûter sans amertume, Ni s’assoiffer du beau sans ce vague tourment ? D’où vient qu’à délecter les choses simplement Le cœur s’étiole et se consume ? Pourtant n’avons nous pas le jour clair d’un été, Cette lune à la brune aux grands cieux étoilés ? Et la vive clarté d’un matin ? N’a-t-on point à nos lèvres de suaves baisers, Pour apaiser la flamme à nos sens aiguisés ? Et le plaisir mordant aux reins ? La mémoire est fugace et se voile de noir Pour oublier la fleur s’ouvrant comme un espoir Au printemps renaissant. La fontaine s’assèche, la couleur disparaît Le regard se détourne, le chant devient muet, A l’archer de l’ennuie cruel et lancinant.