Vous qui prenez le large, par une nuit sans lune Entassés à l’étroit, sur un radeau de fortune L’Algérie vous appelle encore à la raison Votre Mère vous supplie, rentrez à la maison
Ne voyez-vous donc pas que ses bras sont ouverts Que ses larmes coulent, elle qui a tant souffert Elle vous a allaités, elle vous a couverts Pendant les jours sombres, pendant les nuits d’enfer
Ne vous laissez pas prendre au piège du mirage Chassez ces illusions, éloignez ces images Votre Mère vous attend et prendra soin de vous Soyez donc lucides, ne faites pas les fous
La terre de Jugurtha, celle d’Abdelkader Cette terre si chère que nos lions délivrèrent Ne peut voir ses enfants devenir le festin De ces poissons hideux, ces monstrueux requins
Et toi, frère libyen et toi, frère syrien Aucun autre pays ne vaut vraiment le tien Réfléchis un moment et ouvre bien les yeux Préfère beaucoup ton ciel à tous les autres cieux
Détrompez-vous amis, rien ne vaut la patrie Voyez autour de vous tous ces cœurs meurtris Voguant vers le « Pérou » et pensant le trouver Puis retournant déçus et les poches crevées.