Esope le phrygien, le demi-légendaire, Dont le divin regard de Déesse Cybèle, Eclaira l’esprit d’une lueur millénaire, Et fit que son âme demeura immortelle ; En l’an deux cents, après la fondation de Rome, Il naquit dans un bourg appelé Amorium. Trop laid ! Avec à peine un vrai visage d’homme ! Picasso l’eût tracé d’un trait, au critérium. Puisqu’il lui manquait tout, et même la parole, Comme tous ses aïeuls, il ne sera qu’esclave. Son maître l’affecta à la tâche agricole, Pour ôter de sa vue le vilain petit brave. Le traître Agathopus vola les belles figues, Que le maître reçut d’un métayer paysan, Trouva acolytes dont il fit une ligue Pour dire qu’ Esope est coupable malfaisant. Esope vint à son maître le supplier. Il court un gros risque s’il ne déjoue l’intrigue ! Il demanda grâce pour se justifier. Mais lorsqu’ il lui parla, ce qu’il dit paraît vague. Car le malheureux est de naissance bien bègue. Il faut trouver moyen afin de démentir L’acte que ce fripon, tout contre lui, allègue ! Que va-t-il donc montrer pour ne pas en pâtir ? Il alla apporter un bol d’eau bien tiède, D’une traite le but, tout devant son Seigneur, Puis rendit ce que, dans son estomac possède. Et par ce procédé confondit le voleur, Avec ses complices, qui est deux fois puni, Pour sa gourmandise qui le poussa au vol, Et sa méchanceté qu’il voulait impunie. Esope est blanchi, lui le laboureur de sol.