Mon destrier
Pendant que l’oiseau dort encore dans son nid,
Sur mon destrier, plus vite que le fauve,
Tel un roc déboulant d’un sommet, sans répit,
Je surgis, je virvolvote et je bats ou me sauve.
Quand il flue et reflue, tout le corps frémissant,
Dans le rang ennemi, quel ardent tourbillon !
Sur son dos, le jockey s’en vole en papillon,
Le lourdaud perd son froc, criant et gémissant.
Aussi prompt que l’éclair, sans même faire un pas,
L’ennemi décroche, quand il va et galope.
Ses jambes d’autruche et ses flancs d’antilope,
Au trop, il prend le loup, le renardeau au pas.
Comme un corps inerte, sur mon feutre je glisse,
Tel qui tombe de haut sur un bloc de roc lisse.
Sous nos coups qui portent, tout ennemi s’efface,
Couvert de poussière, laissant au sol sa trace.
Ses épaules brillent comme la coloquinte,
Ou la pierre à parfum des jeunes mariés,
Quand il vient au repos, vainqueur et sans contrainte,
Toujours sellé la nuit, nous sommes alliés !
(<I>Traduction par mes soins d'Amr Al-Qays, 5ème s. </I>)