Dans un ciel de décembre tu t’es évaporé, Et jamais je le sais, je ne pourrai percer Cet ultime secret dont je suis exclue, Même si tu m’honoras, homme sans abri, D’être confidente de tes peurs et envies.
J’avais rêvé pour toi ce saut de la misère, Ce retour dans un monde ou siègent les vivants, Quittant le froid, le vent, le bitume et la faim, Laissant pour tous les autres tes jours sans lendemain.
Je t’avais connu immobile des rues, Hurlant comme moi les bruits incongrus, Dédaignant les regards de l’indifférence, Ta fierté se jouant de ses profonds silences.
Ce qui me poussa vers toi afin de les briser S’amplifia dans l’urgence de mille sensations, Juste revêtue de la simple appartenance Au poignard coup de cœur de mon émotion.
Et assis côte à côte sur ton sac de fortune Mon regard eut l’impudence de visiter le tien, Dans cet unique désir de pouvoir comprendre Ce qui un jour dérouta ton destin.
Je te fis oublier mes atours de princesse Et l’âme parla à l’âme dans toute sa nudité. Deux êtres simplement venaient de s’adopter Car chacun de nous n’avait rien à prouver.
Compagne solidaire des tes petits matins Je ne peux oublier ce jour froid et câlin. Et toi, te souviens-tu m’avoir serré les mains Pour me dire que demain, oui, peut-être demain…
Ta place de pavée ne te trouvera plus, De mon inquiétude je fuirai la pensée Pour cerner mon front d’une lueur radieuse, Celle de la victoire et de ton espérance.