Pris d'assaut par les larmes, Ma voix s'étouffe et fuit; Je ravale ma vie en un flot incontinent De bribes éparses jetées pêle-mêle hors du refuge. Descendez au fond du fond de moi, Enfouissez-vous en bas du bas de l'existence, Où l'on vous jettera pour tout grain La désapprobation des gens biens. Miettes de moi, pain rassis d'une vie sans vie, Les rats ne voudront pas de vous. Soumises à l'implacable violence De la dégradation inexorable, Telles des momies, vous survivrez à ma honte. Et lorsqu'on viendra visiter votre sarcophage, Le relent de moisi guidera leurs pas vers l'ignoble secret Qui fit la mie de cette croûte. Sur ce palimpseste, on lira le fatal destin De celui qui fût condamné Pour n'avoir su exister.