L'ombre de la nuit s'efface. Des frissonnements dans mon ventre Montent lentement à la surface de mon être Au souvenir brûlant de notre échange.
Le train glisse en vibrant le long du fleuve Où le disque solaire plonge une lueur nouvelle. Comme un soleil Grec s'engouffre à travers l'empierrement d'un temple ancien, Sa lumière entre en moi, à plein bouillon. Une onde rouge et chaude infiltre mon être, Parcourant les interstices de mon cœur persienné
Quel séisme se prépare, je ne pourrais te le dire, De mon âme la tectonique M'a porté vers ce lutrin électronique : Ce chaos fait de roches, de lave et de tourbillons je veux aujourd'hui te l'offrir.
Dans l'absence du sommeil, Je localise désormais une certitude trop longtemps égarée. Elle erre sur le bord d'une autoroute (Dont l'administration fut jadis confiée à la Raison). Elle marche, hagarde, Non loin d'une aire démunie d'appel d'urgence.
Mais déjà le patrouilleur s'approche avec son pick up. Il s'apprête à disposer le long de la glissière Les balises éphémères d'un parcours nouveau. Dans le pinceau des phares qui coulent dans l'aube, On distingue au loin les cônes orange Alignés en petits volcans polymères.
Tel un membre absent, Un sentiment s'esquisse et repousse au milieu de moi. Dans un fourmillement électrique, Les soldats et les ouvriers se mêlent et se bousculent Vers l'embouchure du cône-abri; Ils montent des profondeurs du magma de mes sens, Et tendent fièrement vers toi leurs bras.