Vois ces phalanges sombres La mort dans la pénombre L'hiver longe le camp Sans un chuchotement. Apaise l'engelure Éclatée sur le mur Où la balle déchire Le tout dernier soupir. Soulève le démon Qui brise l'horizon Sa silhouette noire Assassine l'espoir ! Brûle ce gant de cuir Qui flagelle au zéphir L'épiderme grisâtre Que le diable idolâtre. Prends l'enfant qui supplie Dans le feu de l'oubli Ses lèvres aiguisées Saignent l'humanité ! L'horreur suce la sève A l'érable du rêve Où le rouge ruisselle Au pied de l'éternel. Brise ce chant de verre Qui couvre les paupières De ces regards de fonte Aux yeux teintés de honte ! Plie ce rail titubant Où s'écaille le sang Les reflets de l'enfer Noircissent la prière ! Crains l'aube du trépas Ces fers souiller les pas De ce corps mutilé A la tête inclinée. Laisse fuir les adieux Au pré marécageux Où le trèfle gémit Sous la poupée sans vie ! Emporte le néant Jalousé par le vent Qui tempête à la pierre L'haleine meurtrière ! Le barbelé détruit Cet élan de survie Le verbe se fait râle Sous ce matin glacial ! Le pissenlit frissonne A l'ombre qu'on bâillonne Le souffle est suspendu L'oiseau ne siffle plus !