Attise le feu des rancoeurs Où gisent les baisers trompeurs Le vent fouette la pitié Le long des venelles souillées. La ville vomit ses haillons La main tremble sous les cartons. Vois l'enfant rougi par le froid Ses doigts glacés griffent la croix La crasse écorche ses genoux Le bitume aspire sa toux. Les lambeaux de rue se déroulent Ventre ouvert au regard des foules Le mot dignité s'est couché Sur la majuscule ébréchée. Au cri, le grand ciel se dépeint Un drapeau noir sur ce "j'ai faim" La pluie cogne à la chair fétide Où le suaire essuie la ride. Eventre les ruisseaux de lait Où l'espérance est sacrifiée La douleur accule les flots Vers l'indifférence des maux. Les larmes souillent ces exclus Couvrent la plaie gorgée de pus On lit la peur,on lit la mort Le gémissement se fait corps. L'echaffaud du rêve s'active Sur cette nuit frêle et chétive La belle étoile se déchire Au paim rompu, vivre ou mourir. L'infini gouffre se prolonge A tous ces pardons du mensonge Les hommes crachent résignés Au miroir de la cécité. Brise le souffle du menteur Où tous les grains de blé se meurent Arrache au sol ce doux reflet Du linceul de l'humanité !