Fuyante vers l’horizon, là-bas dans la brume, Paroi rectiligne plongeant dans l’onde brune Epure improbable, tracée dans le silence De cette page perdue du nord de la France,
La falaise offre à la mer ses flancs asséchés, Comme si une hache immense avait tranché Dans le vif de cet épais morceau de calcaire Recouvert d’une paisible lande de terre.
Au loin un tracteur remonte un bateau de pêche Dont les filets remplis d’espoirs et d’algues fraiches Affolent une trainée de mouettes hurlantes Qui fondent sur leurs proies en vagues déferlantes.
En force, le vent vient fracasser ces rumeurs Mélange de cris d’oiseaux, de bruit de moteur, Sur la peau abimée de la roche crayeuse Qu’effritent doucement les années insidieuses.
Du haut de ces chemins qui surplombent la mer, Comme juché sur le fin rebord d’une équerre, Je la vois qui se dessine, l’ultime esquive, La trajectoire avec la mort en perspective.