J’étais là en places, immobile Attendant un geste de ta main Muscles bandés, piaffant, fébrile J’allais gagner, j’en étais certains.
De ces dalles aux tranchants contrastés Où plusieurs avaient perdu leurs rêves Montait les effluves des batailles passées Champs d’illusions perdues, sans trêves
L’échiquier du jeu d’amour est dur Comme l'âme des meilleurs stratèges Pour peu que la victime soit mûre Il est rare qu’elle voie le piège.
J’ai pensé que je pourrais feinter Que des joutes passées j’avais appris J’ai cru voir une faille, j’ai bougé Ouvrant mon flanc, me suis affaibli.
Je fus submergé par cette foule De fous et de pions qui te font la cour Sous la légion jalouse, je croule Sans même pouvoir ébranler ta tour
Fixant le morne quadrilatère Genou au sol échine courbée Je retiens mon souffle et j’espère Que mon orgueil sera épargné.
D’un geste lent, presque caressant Sur la plaque froide tu me couche J’ouvre ma chemise, frémissant Vise bien le cœur tu feras mouche.