Les fillettes sur le trottoir d’en face Chantent une folle mélopée tenace «Trois fois passera, la dernière, la dernière…» Comme une incantation, une prière
Les souliers qui claquent et se dandinent Rythment cette pavane enfantine On dirait que se hâte la sarabande Avant que les filles ne deviennent grandes
Les notes fragiles, rondes et un peu crochent Forment des triolets qui tombent de leurs poches La rengaine mil et une fois répétée Bat la mesure de leur neuvième été
C’est la musique pure, sans chef et sans loi Une litanie de rire, un hymne à la joie Aucun bravo pour ces virtuoses Qui scandent l’extravagante prose.
Mais ce fabuleux concert de l’enfance Qui pour certains est sans conséquence Dit aux coeurs qui encore s’enflamment Qu’il se peut que l’homme ait une âme.