Couverture de glace, oreiller de rocaille ! Tombez flocons transis des nues que l'on écaille Pour colmater l'empreinte enfouie dans le sol... Tourne ma tête, tourne ainsi qu'un tournesol ! Cherche l'étoile d'or, céleste, solitaire ! Les démons d'hier ont remué ciel et terre. Dans les mains du vaudou, des corbeaux calcinés Nourrissent les esprits d'amants assassinés ! Encore chaud, un corps s'endort sur quatre jantes. Les stagnantes saisons, fraîches, intransigeantes, De caresses aussi froides qu'elles dans la Tombe des bleus à l'âme enlacent l'au-delà D'un moment presque doux ; Sur un tapis de Perse L'autre à l'angle plus vif, plus tranchant me transperce. D'une truffe pointue elles viennent humer Les chiennes de Cerbère, à ce bal costumé, La cire ensanglantée au visage de l'homme Où la main de la mort dans ses rides slalome. Des étoiles de l'ombre elle vient de ses skis De ma propre chaleur déglacer les whiskys. Des fantômes de neige habillent un squelette Et de ma propre chair et de ma propre tête ! Impudique strip-tease : As-tu honte d'y voir Et ma vie et ma mort dans le même miroir ? Des 14 juillet de leurs feux d'artifice, Mal an contre mal an, ébranlent l'édifice. Dans la boule jetée aux bastilles de vair L'éclaboussure lors des solstices d'hiver De son linceul de glace enveloppe ma tête... Déjà le chant des morts honore l'épithète ! Tout enseveli par le maïs fermenté, De par le ciel et de par la terre aimanté Je suis : Deux prête-noms inhibés dans deux chokes ; L'un et l'autre titan ; Deux êtres entrechoquent, De doigts difformes et de bouts d'os divaguants Une simple adresse au fond de la boîte à gants Au pliage enfantin de joujoux qui se rayent A mes ongles... Le bruit fait saigner mes oreilles ! Des carlingues de mots d'azuréens prénoms Sur mes lèvres en feu disent non ! Non et non ! Trois non à ce chien qui a posé son derrière Et son museau ballant sur la lunette arrière Où des faciès de marbre en vierge de Lisieux Tombent à mes côtés, un pieu entre les yeux. Un oeil sur le bitume ; Un oeil que son frère aille L'arracher maintenant à ce tas de ferraille. Funeste oraison, gloire à tes ratons laveurs ! Dans ma bouche la vie a perdu ses saveurs. Au balcon de l'Eden, dans des iris turquoises, Je reluque la pluie au-dessus des ardoises Du grand échafaudage où prennent les amours Le grand air du printemps ; Il neige sur Nemours !