Lorsque je franchirai le fleuve qui démarque Les mauvais rimailleurs des hommes de talent Avec l'hypocrisie harcelant de sa barque La chair des poissons morts. Quand j'aurai son relent
J'écrirai...
Quand je t'exhiberai comme un pauvre malade Un sourire imbécile au miroir de leurs yeux, Lorsque tu me verras percher sur cette estrade Aspirant de leur bave un air prétentieux
J'écrirai...
Lorsque de l'encrier j'égoutterai la plume Fécondant le buvard par des mots violeurs. Quand ils caresseront d'une langue commune Le sexe de la vie accouchant mes douleurs
J'écrirai...
Quand les isthmes du temps uniront de mes larmes La terre de l'amour aux bleuets du saphir, Quand les peurs de blesser deviendront mes gendarmes Et le vent de révolte un douceâtre zéphyr...
J'écrirai : Dans mon âme, une rose imprudente Aux fanures se donne... Elle meurt... Et je vis L'enfer comme on respire une bouffée ardente Dans un château de feu, privé de pont-levis.
D'une bouche rieuse et dérobant chacune De la feuille nageant aux vagues des étangs, Lorsque tu m'entendras prononcer sans rancune Les lettres : « DOUCE VIE, ELLE EST MON FIER PRINTEMPS »
J'écrirai : Poésie en toi des candélabres Brûlent ma solitude entre vie et trépas, Dans le soir embrassé par d'humides palabres... Le chrysanthème est-il le baiser de Judas ?