Vos
poèmes

Tandis que l’orage grondait
De sa grosse voix menaçante
Et ses trombes d’eau répandait
Par les gouttières, les descentes,

Du cœur d’un ennui achevé,
T’est venu l’envie renégate
De déguster au pied levé
Du pain frotté à la tomate.

Alors, regardant pour badins
Les sages conseils de prudence,
Tu es descendue au jardin
Dans un accès d’indépendance.

Je n’étais pas là en ce jour
Où tu t’en fus avec malice
Cueillir une pomme d’amour
Pour satisfaire ton caprice

Mais je suis pourtant assuré
Qu’encore gente demoiselle,
Sous ton parapluie coloré,
Tu ne fus jamais aussi belle.

Oui, dans cet unique moment,
De ta verte pensée, maîtresse,
S’épanouissait pleinement
Toute la fleur de ta jeunesse.

Et si j’avais été caché
Derrière quelque haie accorte,
Comme un satyre débauché
Que la moindre nymphe transporte,

Je me serais jeté sur toi
Toute mouillée et toute tendre
Pour t’emmener au fond d’un bois
Te consommer sans plus attendre.

Oui, je t’aurais mordu à cœur
Tout comme dans une tomate
Dont la rouge et belle fraîcheur,
Sous les gouttes de pluie, éclate.