Vos
poèmes

Où es-tu, joli flamant rose,
Parti depuis déjà longtemps,
Me laissant tristement morose
Et désemparé tout autant ?

Tu enchantais de ta présence
L’étang ceinturé de roseaux
Qui subissait la dissonance,
Près de chez moi, de maints oiseaux.

Ta robe vive faisait tache
Parmi leur plumage commun
Et ton ambition, que je sache,
Attendait un souffle opportun.

Car tu ne te voulais pas dinde
Et pour un horizon meilleur,
Désirait aller jusqu’en Inde
Eprouver ton goût de l’ailleurs.

Afin de former ta jeunesse
Au postulat d’itinérant,
T’es-tu contenté de la Grèce
Et de son ciel désaltérant ?

En jouant ainsi à la fille
De la brise et du courant d’air,
As-tu fondé une famille
De plume, d’amour et de chair ?

T’es-tu posé sur une branche
Sans te mélanger les crayons
Pour, à l’abri d’un nid étanche,
Elever deux, trois oisillons ?

Au fil de ma vie qui avance
Linéairement, quelquefois,
Me travaille la déplaisance
D’être sans nouvelle de toi.