Vos
poèmes

J’ai subi un sérieux dommage
Lorsqu’après quelques soubresauts,
Je suis tombé de mon nuage
Comme d’un sidéral vaisseau.

Lors, abasourdi et stupide,
J’aurais pu perdre la raison
Quand, poussé par un vent rapide,
Je l’ai vu fuir à l’horizon.

J’ai bien pensé suivre sa piste,
Fort de mon esprit matériel,
Mais nulle trace ne persiste
Dans l’évanescence du ciel.

Alors j’ai marché sur la terre
Comme un bipède que je suis,
Un errant pauvre et solitaire
Par ses semblables, éconduit.

Mais sur ma route d’infortune,
Je gardais toujours l’œil en l’air,
Guettant l’occasion opportune
De remonter dans les éthers.

J’en ai vu passer de ces formes
Au cours de mon cheminement,
Des élégantes, des énormes,
Des vedettes du firmament.

Beaucoup étaient inaccessibles,
Bien trop élevées dans l’azur
Ou filant un train impossible
Ou d’un abord par trop obscur.

D’autres avaient la bonne taille,
La propice légèreté,
Une clarté qui les émaille
Mais demeuraient hors de portée.

Maintenant que par la vieillesse,
Je me sens un peu acculé,
Sur ma tête souvent m’oppresse
Un plafond bleu immaculé.

Plus de fééries verticales
Que dans l’écrin du souvenir
Et plus d’enivrantes rafales,
Signes de nues en devenir.

Mais je garde toujours vivace
La nostalgie de ce transport
Qui s’est égaré dans l’espace
Par la malignité du sort.