J’ai pris la micheline Aux sonnantes matines, Le cœur tout attendri, Pour rallier ma compagne Au pied de ses montagnes Que tant elle chérit.
Moi qui viens de la plaine, Surface plus amène Pour faire de beaux fruits, J’ai, pour sa gourmandise, Un panier de cerises, Au point du jour cueillies.
Lorsque, sous la marquise, Le train s’immobilise, Guettant mon arrivée, Elle est là pétillante, Visiblement contente De l’amour retrouvé.
Sa robe guillerette Aux motifs de fleurettes Lui donne un air léger Et ce côté agreste Qui m’a toujours, du reste, Sensiblement piégé.
Atteinte de fringale, La petite vandale, De cerises, rougit Sa bouche frugivore Qui rit et qui picore D’un égal appétit.
Sous ces joyeux auspices, Je songe avec délice Que je vais tout à l’heure Pouvoir croquer ses lèvres Qu’encore elle me sèvre Dans l’ultime pudeur.