J’ai relu récemment les Hauts de Hurlevent, Ce vieux roman issu du fond de l’Angleterre Où l’auteure, inspirée, en son style fervent, Distille savamment un univers austère.
Tu aimais cet ouvrage, il me semble autrefois Et en parlais avec une indulgente presse ; Je me demande bien quels critères de poids Pouvait y percevoir l’esprit de ta jeunesse.
L’ambiance y est sinistre et rustre le décor, La lugubre maison sur sa lande bâtie, Et dans son âpreté avec elle en accord, Semble durablement par la peine investie.
Les personnages sont marqués par le destin, Façonnés à l’égal du rugueux paysage ; Prisonniers malheureux de leur drame intestin, Ils meurent presque tous dans la fleur de leur âge.
Et ils doivent subir la hargne de Heathcliff Dont l’amour passionné qu’il porte à Catherine, Parce qu’il l’a rongé, lui suggère, abusif, De convertir en fiel sa frustration chagrine.
Sans doute, ce tyran a ému ton esprit Et peut-être en un sens aidé ton caractère A se concrétiser, être plus aguerri Pour pouvoir affûter tes griffes de panthère.
Et forte de ton charme et ton air innocent, Tu as pu exercer tes talents de despote Sur le premier cobaye auprès de toi passant : Mon pauvre petit cœur dévolu à ta botte.