Dans le bourg où jadis nous vécûmes ensemble, A la bibliothèque où nous allions souvent Chercher de l’évasion et du rêve, il me semble, Nous avions découvert Les Passagers Du Vent.
Dessinée par Bourgeon, cette aventure sise Au dix-huitième siècle et sur trois continents Narre la destinée et la course indécise De héros sous le coup de départs permanents.
Quand, du passé parfois, je me mets à l’écoute, Je songe à cette histoire et à ce couple auquel Je nous identifie, avec excès sans doute, Tu étais mon Isa et j’étais ton Hoël.
Comme elle tu étais libre et impétueuse, Jeune femme avançant dans la vie, coeur vaillant, Et révoltée devant la nature honteuse De l’Homme présentant un aspect malveillant.
Comme lui, me laissant porter par l'existence, J’essayais d’éviter tout écueil périlleux, Capable cependant de soudaine prestance Pour faire un coup d’éclat et briller à tes yeux.
Comme eux, transbahutés toute notre jeunesse Par les choix hasardeux de nos activités, Nous eûmes à subir l’indomptable rudesse De souffles turbulents et contre nous jetés.
Notre séparation a été moins brutale Peut-être que la leur mais, comme eux tout autant, Nous pouvons observer l’océan qui s’étale Entre nos destinées dans la marche du temps.