Vos
poèmes

Tu as retroussé sans manière
Ton pantalon jusqu’aux genoux
Afin d’entrer dans la rivière
Et avancer à pas de loup.

Tu marches prudemment mais libre
Sur le fond de galets grossiers
En maintenant ton équilibre
Les bras levés en balancier.

Dans l’eau vive, tu restes ferme
Contre cet assaut de fraicheur
Qui hérisse ton épiderme
Et ravigote sa blancheur.

Un ballet de reflets te cerne
Entre l’agitation des eaux
Et les couleurs que tu discernes
Dans l’éventail des minéraux

On n’entend que, dans l’air diaphane,
Le glougloutement du courant
Et le cri d’un oiseau qui plane
Quelque part dans la gorge, errant.

Entre les parois de calcaire,
Le soleil est assez adroit
Pour glisser un faisceau précaire
De rayons d’ambre jusqu’à toi.

L’espace d’un instant magique,
Tu es l’ondine de ces lieux
Qui apparaît, photogénique,
Et ne resplendit qu’à mes yeux.