Mon cœur est abîmé de passions contraires Il aime les cœurs purs, mais les cœurs compliqués Lui laissent des couleurs accrochées, et pour plaire Elles ont des charmes de mirages alliés.
C'est que je suis aussi amoureux de couleurs Comme ces terribles femmes dont parle Proust Qui, pour railler l'une de leurs vieilles consœurs Citent un vers de Baudelaire en guise d'« Oust ! » Qui n'avait pas pour vocation d'être moqueur.
Mais c'est une autre affaire, et ce que je veux dire C'est que j'aime les cœurs dont on peut tout penser Tout chercher, tout vouloir débrouiller et sentir Les cœurs pleins de détours, de recoins, d'escaliers De portes dérobées, d'où sortent des désirs Qui ne font que passer dans ces complexités. Par des miroirs accrochés ils veulent sortir ! Un jour ils ont pris pour air libre un reflet, et Ils ont tout oublié.
Moi, mon cœur est en désordre comme ceux-là. Mais je le sais, et je suis toujours sur le point De confronter le mien ou de me perdre là, Dans ce bien beau dédale que je connais moins.
Quand il y a un cœur comme une main tendue Vers moi, j'ai peur, je tremble et je suis tout honteux De n'être pas à la hauteur de l'Ingénue, De la simplicité qu'il y a dans ses yeux. Je fuis, ou je suis maladroit, j'ai convenu Des batailles sans fin, et non pas des aveux Et je suis malheureux.