La malette en bois est sortie sur la table Et l'artiste l'ouvre doucement. Les odeurs s'échappent rapidement Pénétrent les narines, ensorcèlent les sens instables.
L'artiste prend un tube puis un second. Ils mélangent une fois, deux fois, trois fois: C'est la bonne couleur sur la plaque en bois. Avec un crayon, il griffone un brouillon.
Puis ses doigts s'attachent à un pinceau Se salissent, s'essuient sur sa hanche. Son regard se perd sur la toile blanche. Face à elle, il se retrouve puceau.
C'est l'ultime hesitation. Il se décide, s'approche du chevalet Tend le bras, tourne le poignet Fait face à ses émotions.
Moment de lever du voile. Il change alors de posture, Son pinceau vient lécher la peinture Avant de s'abattre sur la toile.
Un tourbillon l'emporte. Il ne se pose plus de questions, arrivé là. Un coup par-ci et une caresse par- là La main s'active et la pensée s'exporte.
Un paysage apparaît touche par touche Les herbes folles caressent les rochers, Les rochers s'enterrent sous le sable fané, Le sable se noie dans la mer et s'y couche.
La mer se perd dans le ciel. Le ciel fond dans les nuages. Les oiseaux partent en voyage L'artiste pose la dernière touche visuelle.
La toile doit sécher, les outils sont rangés. L'artiste se lave les mains Et songe au tableau de demain Qu'il lui tarde d'exécuter.