Quand les mots, transpirant leur amère ciguë, Tranchent mon âme crue d'accents bien trop aigus, Quand sombrant dans le vide le cœur renversé, Mon corps creux se débat mille fois transpercé, Alors se profile le seuil d'un monde d'ombres Peuplée de ces démons qui reviennent en nombre, Torturant en silence, invitant à se taire, A consumer ce moi toujours plus solitaire.
Quand sorti de sa cage où la raison l'étrique, Mon esprit harcelé d'images excentriques Va frôler la folie qui l'enferme à son tour Et le mène à l'enfer, sans procès, sans détour, Alors vient le regret d'un rêve qui fut mien Celui d'une existence, paisible - ô combien ! La délivrance enfin revêt sa robe noire Et le pire blasphème met fin au désespoir.
Quand le geste interdit devient seule limite Que le sol, dans la chute, se rapproche trop vite Les bras tendus vers toi, Terre d'où je suis née Je viens me fondre en toi qui m'as abandonnée. Alors la voix des anges peut fendre le silence Me redonnant courage, endurance et patience, Je te rejette enfin, ô mal qui me retient. Et je rejoins le rêve qui fut un jour le mien Et je veux vivre enfin. Et je veux me donner. Je veux aimer enfin. Je veux te pardonner.