Je garde encore en mémoire ce rêve qui fut le mien Etant désormais bien sûre qu'il ne signifiait pas rien: Un groupe de papillons aux ailes multicolores Extraordinairement entourées de filets d'or S'était posé dans les fleurs en formant un bouquet dense Dont j'admirais la beauté, enfermée dans le silence. Le charme de ce spectacle n'avait rien de comparable. Ce phénomène, pourtant, demeurait inexplicable. Je me demandais, je crois, si ce tableau naturel N'était pas sorti tout droit du plus lointain irréel. C'est alors que soudain, les autres sont arrivés. Du silence pur et tiède, ils venaient tous me priver. Prise dans mes réflexions je ne pouvais malgré tout Ne percevoir que leurs rires, qui, eux, fusaient de partout. Je demeurais immobile et pourtant là, sous mes yeux, Sans respect ils s'emparaient des papillons merveilleux Déchirant leurs ailes tendres, étonnés par leurs couleurs Négligeant cette beauté qui pourtant était la leur. Et je ne pouvais rien dire. Je restais là, pétrifiée Devant ce honteux gâchis, cette nature atrophiée. Je leur en voulais c'est sûr, de leur profonde insouciance Mais je m'en voulais aussi de ma propre impuissance.