Un amour sans tendresse est voué à l'échec. Le mien s'est effrité dans un endroit trop sec. Le temps a vu couler dans un grand sablier Des grains qui ne pouvaient plus y rester liés.
Tu n'as rien vu venir; je n'ai pas su tenir Mon cœur qui commençait à craindre l'avenir Et les grains qui tombaient sans que le sablier Ne soit bien retourné, carrément oublié.
Tu as laissé mon cœur malade à la dérive. Puis tu l'as déchiré - triste carte postale. Il n'était pas timbré mais cherchait une rive Où les fleurs bleues sont libres, riches de leurs pétales.
J'ai dû tricher parfois pour le ramener tard Vers toi qui n'attendais même plus son retour. Tu lui as sans doute trop raconté d'histoires Car il a préféré s'évader de sa tour.
Et ayant bien compris que si on le bafoue, Il peut se fondre au mal jusqu'à devenir fou, Il partit se chercher dans un jardin secret Un ange à qui parler, prévenant et discret.
Non les roses ne poussent pas dans le silence Et l'on ne gagne rien à cultiver l'absence Qui remplace l'amour par moultes inquiétudes. Un jour leurs épines crèvent leur solitude.
Et sur sa déchirure, mon cœur s'est replié En bateau de papier cherchant son capitaine. Pour fuir son abandon, il dut tout oublier De ses amours passées devenues trop lointaines.
Ainsi il rejoignit des terres plus fertiles. C'est là qu'il se blottit dans le creux d'une main. Celle d'un naufragé bien curieux sur une île Où le soleil embrasse chaque lendemain.
Oh un cœur même gros ne saurait se répandre Pour entrer dans un cadre où il serait serré A moins d'avoir saigné et cherché à dépendre De celui qui déjà l'avait bien enterré.