Horizon intérieur
Il y a des fenêtres...
Il y a un horizon,
Je peux le voir de l'intérieur.
J'en ai des frissons,
Je me sens aveugle,
Mes yeux me cachent la réalité
Et l'illusion qui se dessine,
Me dérange et me déstabilise.
J'oscille comme la pendule rythmée
Et reste paradoxalement statique :
Ne pas aller loin, c'est ne pas bouger.
Parfois les vides sont pleins,
Ici, ce n'est pas la note jouée
Sur le ruban de vie qui défile.
Mon cœur, lassé, a tiré les rideaux de sa devanture
Et posé le panneau
"Fermeture exceptionnelle jusqu'à nouvel ordre".
Nouvel ordre : tri des ordures, recyclage des sentiments,
Pylones d'acier froid,
Bien ancrés dans le brouillard brouillant les pistes,
Déviations raturées et sombres
Qui nous perdent dans les méandres en cendres.
Stop ! J'entends des ondes mécaniques au loin,
Elles se rapprochent, le tumulte saccade mes écoutilles.
Des immeubles de questions s'élèvent,
Des échafaudages de suppositions s'amoncellent,
Des toupies de doutes me donnent le vertige
Tel un manège enchanté me fait voir la vie en couleurs
Et la pluie rince cette complexité.
Le saule voisin me salue,
Scintillant tel de la soie,
Illuminant l'heure qui enfonce le clou
Dans l'écorce du temps apparent.
Mon âme assoupie, légère, enfin,
Nettoyée de toute entrave cérébrale,
Revivifiée par un large souffle de liberté,
Inspirée lors des fiançailles des vagues.
Les embruns, le sable chaud
S'infiltrent en moi
Et m'ennivrent.
Les éléments dansent à l'unisson,
Parfaite chorale
Accompagnant l'arc-en-ciel des coquillages multicolores
De mes rêves d'enfant.
Il y a une fenêtre...
Je sens le rayon de vie percer à travers les persiennes.
Je profite de ce moment hors du temps,
En silence,
Les yeux clos.