La Pause
La pause est un attentat au rythme effréné,
Elle tue le mouvement,
Elle annihile l'étincelle du geste
Et fige la scène.
Calme, repos, quiétude, inertie, mort ?
Enfin le tumulte s'achève pour un court instant,
La respiration a la place,
L'amplitude, d'accomplir un cycle réel,
Le diaphragme s'étire et s'élance,
Le regard se pose, profond et savoure le moment.
Flash instantané,
Je glisse, fluide et légère
Et profite quelques secondes de cet intermède.
De combien de secondes, de minutes,
D'heures dispose t-on, dans cette attente ?
La récréation est bientôt terminée,
Un temps libre, vierge de toute action
Volontaire et décisive sur le cours de notre vie
Et qui, pourtant, aura ses conséquences comme tout acte,
Dans n'importe quelle circonstance.
Motus, les bouches cousues sont bien plus criardes
Que les mots forts et fiers qui tourbillonnent dans le vent
Le silence, d'or et dansant, implique la réplique
Et se repose dans la branche à feuilles doubles.
Tout est question d'état d'esprit,
La notion du temps qui passe,
Qui freine et qui s'enlace sur quelques notes,
La musique se languit et se déguise en complice.
Arrêt sur image :
Une violente symphonie s'allume et s'anime,
Les visages ne trahissent qu'une facette,
Qu'on croit unique et réelle.
Illusoire vérité comme tant d'autres,
Elle était, elle aussi, travestie,
Et recroquevillée,
Elle cachait un trésor
Qu'on ne pourrait déceler
Sans avoir pris le temps de s'y attarder.
Ici et maintenant,
Ce n'est pas l'habitude,
C'est le trépignement pour l'après,
C'est la réflexion du passé,
Le miroir de ce qui a été et de ce qui pourrait être.
Retour sur soi, en arrière,
Projection sur grand écran,
Dans l'écrin naturel,
La pause s'impose et l'introspection avance...
Les grands juges défigurés,
Du temps qui passe,
De l'orientation et de l'espace,
Sont toujours présents,
A nos côtés
Et pointent leurs aiguilles dans nos coeurs brisés.
