Sur sa chaise, attachée, sur sa chaise, oubliée, Pathétique colis dont nul ne se soucie, Elle attend résignée que s’achève sa vie, Corps et âme et liés, morte à la société.
Dans ses yeux délavés, dévorés par l’ennui, La désarroi se mêle à la déréliction. Dans sa main déformée, une photo jaunie, Souvenir de sa vie d’avant la réclusion.
Sur sa chaise, attachée, sur sa chaise, oubliée, Elle se souvient du temps où elle était aimée, Ce temps où elle aimait, ce temps où elle dansait, Ce temps où jeune et libre sans entrave elle vivait.
Mais ce temps-là n’est plus, ceux qui l’aimaient non plus. Sa vie s’est arrêtée pour un fémur brisé. Seule et abandonnée en des mains inconnues On lui a tout volé jusqu’à sa dignité…