Sentir sur soi le poids de l’étoffe des ans Comme un manteau trop lourd à la fin de l’hiver, La sentir s’incruster lentement dans la chair Y creuser des sillons comme on laboure un champ.
Sentir sur soi ce poids qui va s’alourdissant Arrondissant les dos, affaissant les paupières, Étouffant peu à peu sous ce drapé amer L’étincelle de vie qui nous maintient vivants.
Sentir en soi la vie malgré le poids des ans Et offrir son visage à la brise légère, En goûter la douceur, la grâce passagère Et savoir que ce poids s’en va diminuant.
Sentir en soi la vie sous l’étoffe des ans Palpiter et vibrer en dépit des années, Se donner tout entier à cette vénusté Et sous cape se rire, des outrages du temps…