Fugace instant du regard qui se pose Qui le temps d’une grâce saisit l’insaisissable Traversant la membrane de conscience vivante Qui sépare les mondes et pourtant les anime.
Indicible durée où le regard se pose Durant lequel on voit, durant lequel on sent, Où conscience soi-même s’écarte un peu le voile Permettant à l’esprit d’en goûter l’ineffable, D’entendre en soi la source couler dans l’Univers, D’y approcher son âme pour la désaltérer Et d’apaiser la soif qui sans fin la tourmente.
Indicible seconde où le regard se fond, Où le temps d’un éclair il abolit l’espace Décousant le présent, franchissant le néant, Révélant l’invisible dans cette déchirure, Accordant à l’esprit, tourné vers ce dedans, D’en saisir la substance et d’en chercher le sens.
Indicible durée où tel un papillon Se pose le regard sur le bord du réel, Où ainsi qu’une main emportée par l’élan Il perce l’au-delà plongeant dans l’inconnu, Rapportant de ces lieux visions et intuitions Que l’esprit inlassable traduira en images.
Car cela ne dure pas ; éphémère est la grâce. De ces instants fugaces, demeure le poème : Mémoire du voyage vécu par la conscience Qui captant, réceptive, ce langage hermétique, A donné sens et forme à ce qui n’en a pas, Témoignant grâce au verbe de ce monde invisible.
Fugace instant du regard qui se pose Qui le temps d’une grâce saisit l’insaisissable Pénétrant la mémoire de l’Essence invisible Qui toute chose imprègne et toute chose inspire…