Morille je te rends grâce pour ta beauté sauvage Ton art du camouflage, ta finesse et ta classe, Je loue ta faculté à te dissimuler À sans fin déjouer les adeptes obstinés
Je bénis ta présence au cœur de nos sous-bois Qui ravit tous mes sens et me laisse sans voix Je prise ton odeur et ton grain velouté Ta chair et ta saveur encore inégalées
Morille je te rends grâce pour ta belle noblesse Ta robe de princesse et ta vie si fugace J’aime ton pied altier et ta coiffe conique Ton délicat maillé et tes teintes uniques
Plus qu’une morilleuse je suis une amoureuse Éperdue de passion dès que vient ta saison Tu es si désirable quand ton chapeau pointu Un peu inattendu pointe sous un érable
Devant toi je m’émeus comme un enfant heureux Quand au pied d’un sapin je te découvre enfin ; Morille je te rends grâce pour ta quête tenace Qui m’apprend la patience et ouvre ma conscience
Pour la magie soudaine d’une belle cueillette Qui met mon cœur en fête et fait de toi ma reine Pour ce don merveilleux offert aux plus fervents Ce sylvestre présent tissé de mystérieux
Ce miracle boisé au parfum délectable Ce champignon princier digne des grandes tables ; Morille tu es la reine des forêts et des plaines Mystifiant au printemps tes nombreux prétendants
Pour toi ils s’agenouillent transis par ta splendeur Te poursuivent des heures pour revenir bredouilles Ils te cherchent assidus sur le bord des talus Traquent les conifères où parfois tu prospères
Morille te rendre grâce Du mois de mars aux saints de glace ! Tu es pour moi la reine des hôtes de ces bois Tu seras pour mes hôtes la reine de mes plats !