À la fin de l’hiver C’est elle la première À naître de la terre En poussant droite et fière Quelquefois de sa tête Elle perfore la neige Offrant à l’œil en fête Son petit chapeau beige
Il faut la mériter La morille printanière Qui joyau de nos prés En sertit les lisières La quêter patiemment Sans se soucier du temps À l’affût de sa robe Qui souvent se dérobe
Il faut l’apprivoiser Parfois sur des années En connaître les coins La chercher avec soin Car et c’est admirable La morille est subtile N’offrant qu’aux plus habiles Son parfum délectable
Les yeux la cherchent brune Et la découvrent blonde Toute gorgée de lune Et comme elle bien ronde Puis ils la cherchent claire Et la découvrent sombre Tapie sous une pierre Invisible dans l’ombre
Mythique morchella À la tête conique Qui se fond mimétique Dans les bois du Jura Entraînant derrière elle Le temps d’une saison Les inconditionnels De ce beau champignon
Il faut la mériter La précieuse morille Elle qui débusquée Fait briller les pupilles Déceler son plissé Dans l’écrin du printemps Trésor alvéolé Au pied des sapins blancs
Il faut la mériter La goûteuse morille Elle qui mitonnée Fait chanter les papilles Et sans fin honorer Cette reine des bois Qui aux plus dévoués Offre ce mets de choix.