Poupée tête coupée Ne bercera plus Les genoux Des petites filles écorchées Les joues rouges, pleurant Aux murs des barbelés.
Au champ dormant Le coucou a perdu Jusqu'au goût de chanter. Le mirador à sonné, L'herbe est couchée.
Plus loin, le corps d'un enfant Laboure les vagues. Dans la buée, les racines du coeur Sont à peine à une aile de la terre. Dans l'embarcation accorte Les mains jointes au silence des leurres Les petites filles sont mortes.
Tranchée nette, projetée Ne dort plus, comme absente Sur le drap blanc Qu'on tire au corbeau immense.
L'oeil fixe, sous la veilleuse Seuls les vivants, grands ouverts Cavités béantes Survivants sans paupières Regardent l'hypogée A ciel ouvert
Coiffure à l'enfant Bouclée répandue sur le sol, Sourcils, robe claire, Petite bouche Souliers très découverts, Pieds et mains souillés, Du visage noir, du blanc, Des mouches.
Dos au mur en bataille Des hommes obliques Qui longent leurs rangées Ne détournent pas Leurs jambes maigres Balisant l'hécatombe Ils mâchent des racines Sans arrière-pensée.
On appose des scellés Sur les lèvres épaisses De la gamine Une poupée de chiffon Saigne à son cou.