Le temps qui va Celui qui vient Nos étoiles contraires Et le dernier regard Sur ma mère.
Brièveté de la vie De ce temps que nous tuons Et qui enterre Des épouses, et des mères.
Elle est là Allongée Sur un drap de satin. Dehors, la chaleur écrase Argelès, ville balnéaire A quelques moutons De la mer.
Elle est là Allongée Dans sa dernière Parure vestimentaire Celle qu'elle portait Au moment de sa mise En bière.
Sa tête repose Au coussin des gisants Elle est pâle sous le fard Son visage inquiétant.
Le père, solide Comme une cathédrale Droit comme un cierge Dépose une fleur séchée Sur sa défunte aimée Sur le cercueil, et sa parure, La douceur de sa main Effleure le bois Comme ultime blessure.
Il n'oublie pas Qu'elle est morte Entre ses bras. Lui, qui à seize ans Recueillait son premier Baiser de madone immaculée Était là, soixante ans après Pour cueillir la fleur du trépas De celle dont il fermait les yeux Pour la dernière fois.
En contemplant le cercueil Comment ne pas s'imaginer Soi-même à l'intérieur.
"Réduisez par le feu Les restes mortels De ma dépouille funéraire".