Je porte en moi La solitude Des soeurs Bronté Celle que l'on ne trouve Que dans les poèmes Celle qui ne se survit Que dans les romans.
De là lande sauvage Du Yorshire Aux hauts du hurlevent, La solitude des sœurs Bronté Comme un ciel de traîne Coule en mes veines Se délie en dedans.
A la lumière des réverbères De là vieille Angleterre, Aux paysages lunaires Balayés de flux violents, La solitude des sœurs Bronté Plantée en moi Tel un dolmen Comme un repli en dedans
Celle de Jane Eyre Inventant un monde imaginaire Où la pièce à vivre De mousse et de lichens Est un théâtre ambulant
Celle de Charlotte, où d'Emily Leurs plumes aux vents De mitaines noircies A l'encre des Revenants, Se déversent inlassablement Agréable bohème, Leurs plumes, Survolant la plaine, Comme une ride sur l'étang.
Converser, où là belle demeure En quelques contrées Hautaines, Et sentir gronder sur là grève Sur là rive lointaine, La fureur de l'océan.
Respirer l'odeur de la terre De là pierre, de l'encens, De l'herbe coupée S'enivrer intensément, Respirer les sels corsetés De muscs et de lierre, Se griser de là salsepareille Fleur parfumée de miel, Au coeur d'un hiver malséant
De missives contemplatives Garnir cet herbier assoupi, Dissiper peurs, et toutes pleines Morsures de l'absent Où l'extase suprême Aux odes des âmes évanouies, En stances, comme en rêves Ne s'en vient qu'après minuit.
Et puis se considérer A là fenêtre, dès l'aube Femme de marin Dans là tempête. Pensive et solitaire, Baignée de larmes solaire Dès le matin.
Égrenant aux voiles Des terribles gréements, Les dernières lettres d'amour Fraternelles, Sans éternels retours, Et sans amants.
La solitude des sœurs Bronté Celle que l'on ne trouve Que dans les poèmes Celle qui ne se survit Que dans les romans
Coule en mes veines Les nuits de veille Prenant son écume, Aux filles de l'air Qui se délitent et se diluent En bord de mer, où dans les Nues
Oniriques écrivaines Disparues en leurs sables Mouvants. Les soeurs Bronté Au vol des engoulevent.