On n'entend plus chanter Les coqs dans les basses-cours. Les poules ne sont même plus rousses, Et pondent des œufs « carrés », tout emballés, Qu’on vend dans les supermarchés.
On n'entend plus meugler, Les vaches dans le pré. Il n’y a plus de pré !
Ah si ! Peut être encore, Dans la boîte carrée, Qui envoie des images, Dans un bel emballage.
Mais ça ne sent rien, Sauf peut être la poussière. On ne peut pas croquer La belle pomme présentée, Sur l’écran de la vanité, On se casserait sûrement les dents !
Les gens ne vont plus à pieds. Ils sont tous pressés D’arriver les premiers. Pour qui ? Pourquoi ? Nul ne le sait !
Ils se parfument Aux essences essentielles Des pots d’échappement. Et pour avoir la peau dorée, Ils se payent une p’tite tranche Dans la boîte à soleil.
Moi, qui vit sans montre, Je ne veux pas laisser le temps, Me prendre tout mon temps. Et je préfère rester bon dernier !
Je ne veux pas qu’on m’empaquette, Dans un carton kraft, Qui sent la naphtaline.
N’encapsulez pas Mes rêves en bouteille Etanche et stérile. Et surtout, moi qui ai la tête ronde Comme la planète, Je ne comprends pas Pourquoi on veut y faire entrer Des idées carrées ?
