J’ai troqué mes livres d’images, Mes bouffées de rire et mon ouvrage Contre une poignée de sable Qui glisse et file entre mes doigts, Qui ne peuvent retenir Ces grains que le temps égraine dans sa fuite, Pour retourner mourir aux creux des vagues Sur cette plage vide où les dunes en secret Pleurent les mirages, les oriflammes Sans plus de drame… Que le vent qui reste muet À l’écho du silence.
Les pas et les traces sur la plage se sont effacés Sous la rage d’une mer écumante Qui emporte et fracasse Les belles idées en funestes naufrages Sans plus de drames…
Mais il existe une île belle et secrète Où l’on se réfugie certains soirs, Les soirs de tempêtes, de misère ou de rêve Pour trouver l’espace d’un instant, une trêve Un lieu de repos, à nos cœurs fatigués et nos âmes usées Qui ont tant besoin de repos. Cette île de Paix comme un îlot de survie Que j’ose nommer ici « Poésie » Tout entière et peu frêle Qui crie le désespoir, Les assommoirs Les secrets des miroirs Mais aussi leurs éclats Et les rares beautés des âmes Que l’on ne sait plus voir.
Sans plus de drame… Que le vent qui reste muet À l’écho du silence.