Ecrire comme un supplice tous ces mots qui me blessent Pas de chance à aimer et rien pour exister Se torturer soi-même tout au fond d’un abîme Et crever tous les soirs dans l’ombre-solitude D’un passé regretté et pas assez aimé ; Et fuir un autre temps qui se rapproche encore Un avenir si proche que j’en suis terrifiée. Suicide d’une folle dans une encre assoiffée Car je me suis noyée dans mes mots, épuisée. Fatiguée de mentir et de devoir paraître Chaque jour un peu mieux, drôle de guérison, Je ne veux pas changer, moi je veux rester pâle Perdue dans les recoins d’un esprit-labyrinthe, Egarée, effarée, sans chercher à comprendre Et puis dormir quand même sans le vouloir vraiment. Liberté anonyme de vivre pour les autres Pas le droit de partir, la mort est un péché, Religion falsifiée d’une société athée Qui croit encore, c’est vrai, à des dieux imbéciles Et à des lois dictées, trop souvent appliquées… Trop besoin de mourir et puis la peur quand même, Aimer la vie au fond, pas envie de la vivre, Juste vous voir bouger, pantins articulés. Attentive soudain au moindre faux remous J’attends toujours de voir si les hommes un jour Voudrons se rebeller et puis changer le monde… Je suis venu trop tard ou peut-être un peu tôt Et j’écris ce supplice, tous ces mots qui me blessent Et me transpercent encore pour une éternité…